Observatoire QVCT 30/01/2023

En bref :  Sur demande de la direction, Jean-Pierre BRUN, vient présenter aux organisations syndicales son entreprise « Empreinte humaine » qui devrait piloter les RPS à la SG, suite à la signature d’un nouvel accord QVT (par les autres syndicats).  L’expert a donc présenté succinctement le fonctionnement de son entreprise.

Pour la CGT, cette démarche souffre de 2 maux originels :

• Le passif du bilan factuel : depuis 2007, la direction a déjà infligé aux syndicats « la nécessité de partager un diagnostic sur le stress », puis après avoir obtenu une visibilité sur les endroits les plus touchés par le stress (les PSC à l’époque), a mis sur pieds des travaux avec l’ANACT (agence nationale sur les conditions de travail). Tout ceci a pris du temps, pendant lequel le stress a continué de monter. Et au final, lorsque les travaux de l’ANACT ont été présentés, la direction fermait 6 sites et supprimait des centaines de postes.
• La suppression des IRP et des représentants du personnel par la direction via la signature d’accords avec le SNB, la CFTC et la CFDT qui suppriment 2/3 de la force de travail. La direction a beau jeu de dire qu’elle va se reposer sur un travail avec les syndicats.

Inutile de rappeler ici que les gouvernements successifs ont été particulièrement violents sur les protections qui existaient en termes de prévention des conditions de travail (suppression des CHSCT, etc).
Au final, nous avons une fois de plus affaire à une diversion, ou dans le meilleur des cas, une montagne qui accouchera trop tard d’une souris.
Alors que les modifications du monde du travail avancent à la vitesse Grand V, que les besoins sont bien connus et répertoriés par les représentants du personnel, il manque la volonté de les traiter dans les faits…. Et ça, ce n’est pas un nouvel expert qui l’imposera à la DG.

En détails :

Étaient présentes toutes les organisations syndicales, Jean-Charles ECHARD et Coralie BIANCHI représentaient la direction.

Jean-Pierre BRUN, professeur en management pendant 30 ans à Laval (Québec) est venu nous présenter le projet du pilotage de la prévention des RPS à SG. Son entreprise, “Empreinte Humaine” est présente à Paris (avec 35 collaborateurs), au Canada et à l’international. Selon lui, les “plus” de sa société sont qu’ils recherchent la validité scientifique de leur approche ainsi que la durabilité via la “transférabilité” de leur méthode afin que le client formé devienne petit à petit autonome ou presque, selon ses projets ou besoins. D’autre part, l'entreprise possède un large réseau à l’international et ses experts interviennent dans la langue du pays.

En résumé, l’approche se fera en plusieurs étapes :

1/ la phase Pilotage va s’élaborer :

-  par l’établissement d’une cartographie des pratiques SG dans le domaine des risques psycho-sociaux qui consiste à regarder ce qui fonctionne et ce qui ne marche pas puis à établir un cadre de référence.  Celui-ci permettra, par exemple, de faire une évaluation des risques pour les DUER (Document Unique d’Evaluation des Risques) avec des plans d’action.

- il s’agira de donner une cohérence visible, pour tous les collaborateurs, de la bonne organisation du management de la prévention primaire, secondaire et tertiaire.

2/ la phase “change” ou transformation :

La méthodologie consiste à étudier les impacts humains de la transformation en interne et/ou en externe avec des critères issus du contexte de l’entreprise. 

Ils ont déjà commencé le travail de prise de connaissances des données de l’entreprise et se disent prêts à présenter le cadre de référence SG et ses outils dans un mois environ selon leur vitesse d’avancement. Pendant ce temps, ils vont rencontrer des leaders d’opinion afin de comprendre le fonctionnement de l’entreprise.  Ils veulent que ce cadre de référence soit le plus opérationnel ou le plus simple possible pour passer à la pratique au plus vite.

3/ Différents POC tests seront réalisés :

Il s’agit de définir les zones ou entités où la Direction souhaite tester la méthode. La direction n’a pas encore décidé des entités de référence mais sera la seule à choisir. Cependant la direction partagera ses choix avec les OS.

4/ Appropriation de la méthode :

La finalité de la démarche est d’avoir un accompagnement humain en fournissant des outils d’application.

La CGT rappelle que malgré de multiples enquêtes, le même constat a été fait sur 10 ans en arrière et la situation perdure. Lors du dernier passage d’experts, nous avions le feu sur les PSC (devenus CDS), résultat, ils en ont fermé 6 ! Par ailleurs, à quel moment les IRP interviendraient dans cette nouvelle méthode ?

Coralie BIANCHI propose de trouver un équilibre avec les IRP. D’abord un mail partira aux DSN à la fin de la réunion. Ils seront invités à désigner les interlocuteurs lors du déclenchement des interviews de Jean-Pierre BRUN dans leur OS. Chaque OS sera considérée par la direction comme leader d’opinion.

Question de la CGT : Aurons-nous les mêmes avancées en matière de prévention des risques qu’au Québec ?

Jean-Pierre BRUN répond que les conjonctions économiques ne sont pas les mêmes mais que cela fait plus de 15 ans qu’il apporte son éclairage sur les questions de RPS, là où les entreprises manquent cruellement de stratégie et de plans d’action. Il se réfère à la norme internationale ISO 45003 mise en place en 2021 “Management de la santé et sécurité au travail, Santé psychologique et sécurité travail, lignes directrices pour la gestion des risques psychosociaux” et à l’OMS qui a adopté la nomenclature de l’ANACT au sujet de la prévention des RPS en entreprise (prévention primaire, secondaire et tertiaire). Donc pour lui mondialement les choses avancent.

Coralie BIANCHI est revenue sur Empreinte Humaine et explique pourquoi l’avoir choisi. Voici ses arguments :

Dans les 1ères démonstrations, “Empreinte Humaine a été le seul organisme avec lequel nous ne sommes pas partis en courant de par l’accessibilité et la dé-complexification de leur discours sur les RPS” :

1. Empreinte Humaine sont ceux qui impliquent le plus les Organisations Syndicales dans leur méthode ce qui correspond à notre volonté. 
2. Ils sont les seuls à parler de la sensibilisation du top management.
3. Ils ont une longue expérience sur le sujet au sein de grands groupes.

4. La capacité d’un déploiement à l’international si besoin. On voulait se charger une marge de manœuvre.

1. Ce cabinet a été aussi le seul à proposer dans son cahier des charges le distinguo entre les situations de charge de travail dans le RUN (le quotidien) et le CHANGE (la transformation).

La CGT intervient sur 2 points supplémentaires : 

1/ ne pas oublier que dans certains services du réseau mais pas que, il existe une irritabilité due à de nombreuses interruptions du travail pour répondre à des intervenants extérieurs  au travail quotidien qui, lui, continue de s'empiler.

2/ les résultats de notre baromètre employeur tope à 21%, taux de salariés se déclarant victimes de violence au travail. Quid du coût du stress au travail sur les revenus de l’entreprise ?

Réponse de JP BRUN :

“Bien sûr on va parler du coût de la non santé au travail car le nombre de salariés qui vont mal dans le monde entier augmente ; mais il y a aussi les salariés qui vont moyennement bien. Il faut s’en occuper aussi. Par ailleurs, dans notre approche nous souhaitons travailler le plus en amont possible avec les Co-Dir. Bien gouverner, c’est bien investir dans ces sujets- là aussi. “

La prochaine réunion dédiée aux discussions autour du résultat du baromètre employeur est prévue le 10/02.

La CGT évoque la situation très tendue sur Vision2025 et chez ITIM à cause de la bascule informatique à venir sur le projet 2025.  Lors du CSEE des services centraux d’octobre 2022, nous nous étions étonnés que la Direction n’avait pas fait évoluer son dispositif de prévention sur l’année écoulée alors que différentes situations ont permis d’apprendre à anticiper.

Réponses de Coralie BIANCHI : nous savons que les équipes d’ITIM sont très engagées, aussi les responsables ont mis en place des mesures de préventions :

1/ identification précise des services à risque de surcharge de travail

2/ surveillance de ces services par les managers de proximité et les RH qui tous ont été formés à la détection des signes de RPS, aux gestes de premiers secours

3/ mise en place pour les moments particuliers d’espaces de travail le plus convivial possible, ou pour se reposer

4/ liens faits avec Preventis

5/ ITIM a demandé la présence d’un médecin ou d’une infirmière sur place en même temps que les salariés, si besoin en permanence dans l’optique de rassurer les gens plus que pour un acte médical. On devrait y répondre favorablement.

Pour la prévention sur le programme Vision2025, la Direction nous répond que le point sera présenté en avril 2023 lors de la session du CSEC.  Soit, au-delà de la première bascule informatique !

Une OS demande où en est l’engagement de la direction sur la question du partage des indicateurs demandés lors de la négo de l’accord en cours ?

La direction répond qu’elle fait un travail de sécurisation des données, qu’elle a dû déprioriser pour travailler avec “Empreinte Humaine” d’abord. 

Notre analyse :

L’initiative peut aboutir sur quelque chose de bien.  Néanmoins, on l’a déjà vu, les préconisations d’experts peuvent être adaptées largement aux souhaits de la Direction et avoir le bénéfice inverse que celui escompté.